"On
ne mange pas de rôt à la fumée", dit la sagesse populaire. Cela
ne signifie pas que l'on fait de la fumée quand on rote, comme le croit
si volontiers un ami fumeur de havanes, et encore moins que l'on produit
du méthane par l'autre extrémité de l'appareil digestif, comme dit un
autre ami qui ne sait toujours pas à quoi sont gonflées ses
hémorroïdes.
Non
point, cela veut simplement dire que le simple fumet d'un met ne nourrit
pas son homme, pas plus que ma femme.
De
même, le crétin délirant auteur de la sagesse populaire prétend avec
le même aplomb que "Année de foin, année de rien". Nous
exprimons ici notre indignation. En effet le foin n'est pas rien. La
meilleure preuve est qu'il donne des rhumes quand il est plusieurs. La
sagesse populaire ferait bien de regarder la meule qu'elle a dans l'œil,
avant de s'occuper de notre fétu de foin personnel. Et d'en faire
autant.
De
même, il est un peu abusif, l'adage qui prétend que "Qui vole un œuf, vole un cabillaud". En effet, comment le voleur peut-il
savoir à l'avance qu'il s'agit d'un oeuf de cabillaud ? Rien ne
ressemble plus à un œuf de cabillaud qu'un oeuf de colin par exemple.
L'adage est encore plus ridicule quand il prétend que l'indélicat vole
un bœuf. Il y a confusion indéniable entre l'œuf de bœuf, et l'œil
de bœuf.
La
vraie citation est livrée en exclusivité, sans supplément pour nos
trois premiers millions de lecteurs : On dit "Qui vole un œuf d'esturgeon, vole un caviar", ce qui est quand même plus
compréhensible, même s'il est bizarre de s'emparer de caviar grain
après grain. Il est vrai aussi que c'est très vite écœurant à la
louche.
Enfin,
la sagesse populaire ne dit rien au sujet du fenouil, et ce n'est pas
moi qui vais m'en plaindre. Seule la publicité, toujours à
l'avant-poste des mœurs, nous vante les mérites des fenouils aux œufs
frais. Là encore, rien ne nous dit avec précision qu'il s'agit d'œufs
de cabillaud.