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Le
sel à travers les âges
Le
sel a très tôt marqué l'humanité. En effet, même avant la création
de l'homme, la mer recouvrait toute la terre. Puis quand elle se retira,
elle laissa les contrées nouvellement émergées recouvertes de marais
salants.
C'est
ainsi que naquirent les élevages de chevaux de prés salés, les fameux
chevaux de sel. Contrairement à une légende solidement implantée
trois pages plus haut, on a bel et bien développé cet élevage.
L'usage militaire du sel que firent les romains à Carthage et à
Romarin est désormais bien connu de nos fidèles lecteurs les plus
éveillés, aussi nous n'y reviendrons point.
Puis,
le sel se raréfia, et devint une matière précieuse. Cette connotation
est restée dans le langage courant, lorsqu'on prétend qu'une addition
est salée.
Le
fisc s'en mêla bientôt, sous les traits de la hideuse gabelle, dont le
nom vient du mot "saumure", comme le Cadre Noir, en rapport
avec les chevaux de sel. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme cela.
Et
en effet, nos aïeux la trouvaient saumâtre, cette gabelle, et ils se
plurent à la surnommer "Gabelle et la bête", pour se
gausser. Car les douaniers chargés de percevoir la taxe se nommaient
les gabelous, du vieux français "Bongu de cabre de loup".
Le
sel était caché dans des selliers, et non dans des selleries. Il
servait à la conservation des aliments, principalement du cochon et de
la morue. N'allez surtout pas y voir une allusion salée, mais le simple
fruit du hasard. Je ne suis pas le sel que vous croyez.
En
Bretagne toutefois, le sel était caché dans des andouilles, ou alors
dans le beurre. Les gabelous n'avaient pas idée de fouiller ces
endroits. Aujourd'hui encore, on trouve du sel dans le beurre breton.
Comme quoi, le fraude fiscale peut avoir des conséquences
déterminantes sur la culture d'une région. Le goût en est divin :
C'est sel que j'aime...