Par
une radieuse matinée d'automne
S'en
allait par la campagne un gai citadin
Regardant
tourbillonner les feuilles jaunes
Et
tournoyer au vent les ailes des moulins.
Alors
qu'il dévalait la pente d'un coteau
Il
découvrit, attelés comme des compagnons,
Tirant
le soc qui creusait tout droit le sillon,
Deux
bœufs, l'un était maigre et l'autre plutôt gros.
L'homme
en sabots de bois qui guidait la charrue
Maniait
une solide et noueuse badine
Dont
il se servait avec force et sans radine
Pour
châtier uniquement le bœuf menu.
"Brave
laboureur", intervint le citadin
"De
ton bras vengeur, pourquoi frappes-tu toujours
Sur
ce souffreteux et si malingre bovin,
De
son opulent copain, quand viendra le tour?"
"Eh
bien", répondit sans malice le paysan,
"Si
c'est sans cesse le plus maigre que je rosse
Ce
n'est certes pas qu'il est le plus fainéant,
Mais
voilà, des deux bœufs, il est le seul qui bosse !"
Jean
de la Fontaine
Executive
Manager.