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Histoire
de la coquille Saint-Jacques
La
préhistoire de la coquille Saint-Jacques nous est mal connue. Tant pis.
A
Rome comme dans l'antiquité grecque, la coquille Saint-Jacques ne sert
à rien. C'est pourtant à cette époque que vécu Saint Jacques en
personne : Comme quoi, personne ne aurait fait un drame s'il s'était
appelé Saint Marcel.
Au
Moyen-âge, la revanche de la coquille Saint-Jacques fut éclatante, en
ce qu'elle devint une pièce indispensable de l'armure du chevalier,
bien que non apparente. Le preux se plaçait en effet la partie creuse
dans les braies, à l'entrejambe, se protégeant ainsi l'estoc des coups
de lance, et réciproquement.
Les
pèlerins se rendant à Compostelle s'en munirent également, mais les
portèrent autour du cou, ce qui laisse à penser qu'ils tenaient plus
à leurs amygdales qu'à leurs roubignolles. Il est certain que c'est
plus pratique pour louer le Seigneur et demander pardon.
La
Renaissance fut l'époque des chausses moulées près du corps, et la
coquille devint purement ornementale. Les excès de la coquetterie sous
Henri Troisième, firent que les coquilles se portèrent en grande
quantité, si bien qu'il devint plus érotique de les porter autour du
cou. Un génial inventeur dont l'histoire a perdu le nom, et c'est
injuste, eut l'idée de les confectionner en tissus, et ce fut la
création de la fraise à godons.
Le
développement des colonies entraîna la généralisation du commerce du
tabac et des pétuneurs. Ce fut une nouvelle naissance pour la coquille
Saint-Jacques, dont on s'aperçut bien vite qu'elle pouvait constituer
d'élégants cendriers décoratifs et originaux.
De
nos jours, il y a peu de pèlerins, peu de fumeurs, et on ne porte plus
guère la fraise ni l'armure. Ainsi, tels les chevaux de trait,
remplacés par les tracteurs, les fidèles coquilles Saint-Jacques
terminent leurs existences sur l'étal des poissonniers.