un
beau céleri rave
sel
poivre
noir
200
grammes de cerneaux de noix
vinaigre
huile
de noix
Éplucher
un beau céleri rave. Le mettre à cuire dans une casserole d'eau avec
un trait de vinaigre et du sel, pendant une vingtaine de minutes.
Pendant
ce temps, concasser une poignée de cerneaux de noix, et les mêler à
un demi-verre d'huile de noix, avec un peu de poivre noir.
Rafraîchir
et égoutter le céleri rave. Le couper en tranches épaisses d'environ
deux centimètres. Les mettre à mariner une heure dans l'huile aux
noix. Avant de mettre à cuire sur la braise, utiliser le dos d'une
grande cuiller ou une spatule pour incruster des morceaux de noix dans
la chair du céleri.
Faire
ensuite griller au dessus de braises modérées, environ cinq minutes
sur chaque face.
Si
d'aventure ce plat est servi seul, sans viande ni poisson, ou avec des
oeufs, il est possible de boire du Chablis. Ne réservons pas les grands
vins pour les "grands" mets. |
Dès
la préhistoire, même à l'époque où les hommes mangeaient cru, la
question du céleri tourmentait les hommes : Comment en effet accommoder
correctement cette racine, grosse, ronde, coriace et piquante?
Avec
l'arrivée du feu, une partie de la solution fut trouvée, et une
excellente idée naquit, en la personne de la recette ci-contre.
Toutefois, il était bigrement malcommode de couper des céleris en
tranches en ne s'aidant que d'un silex poli ou taillé. Bien des braves
y laissèrent des doigts, et la préparation de ce met très fin et
subtil fut interdite par les autorités.
Ce
n'est qu'au cours d'une récente visite dans les grottes de Kruditté,
que j'ai pu mettre à jour cette recette, décrite par un bas-relief
rupestre.
Se
posa donc à nouveau la question de déguster le céleri. Bouilli,
c'était franchement mauvais. Frit à l'huile, c'était immangeable. Le
légume faillit ainsi disparaître à la Renaissance, mais comme
c'était un puissant anti-scorbutique, il fut conservé par les marins
partant pour des courses lointaines dans le morne horizon.
Un
jour, sur le Bloody-Mary, un puissant brick de Sa Majesté, le Capitaine
Thomas Rémoulade, fut confronté à un grave dilemme : Son
équipage souffrait des atteintes du scorbut, et la mutinerie couvait.
Or, à cause de la maladie, la plupart avaient les dents qui se
déchaussaient, si bien qu'ils ne pouvaient croquer dans les céleris
que l'on se décida enfin à leur distribuer, non sans crainte de se les
recevoir à la figure en retour.
Thomas
Rémoulade eut alors l'idée géniale de râper les céleris, et de les
enduire de mayonnaise, afin que les matelots les puissent avaler sans
les mâcher. Le succès fut triomphant, et il devint amiral. Ainsi
en ces siècles de grandes découvertes, cette petite idée allait pour
longtemps assurer la domination de la flotte anglaise sur le reste du
monde. |