pain
de campagne
ail
huile
d'olive
tomates
basilic
anchois
à l'huile
fromage
(feta, mozzarella...)
Prévoir
au moins trois tranches de pain de campagne par convive, et deux tomates
de taille moyenne. Épépiner les tomates et les couper en petits cubes.
Les mêler de feuilles de basilic (environ deux à trois feuilles par
tomate) grossièrement hachées. Éplucher
deux ou trois belles gousses d'ail par personne.
Faire
griller les tranches de pain au feu de bois, au fur et à mesure des
besoins de la compagnie, il doit en effet être présenté et conservé
très chaud.
Chacun
des convives frotte sa tranche grillée avec l'ail, et y dispose une
garniture de tomates, qu'il arrose d'un filet d'huile d'olive avant de
consommer aussitôt. On peut également ajouter un filet d'anchois
allongé à l'huile d'olive, et/ou de fines tranches de fromage.
La
recette invite à trouver son compagnon liquide du côté de l'Italie,
par exemple en Toscane, en blanc ou en rouge. La bruschetta est servie
en plat unique et fait boire beaucoup, à cause du pain, de l'ail, de
l'anchois et de la proximité de la cheminée. Prévoir quelque chose de
souple qui fera une longue soirée. Un chianti classico serait très
bien. Plus au nord, pour un moment plus charpenté, on prendra le
vénète Valpolicella, légèrement perlant. |
Durant
la préhistoire, l'ail était une plante sauvage, au goût bien plus
puissant que maintenant. Personne n'avait l'idée de l'ingérer pour le
plaisir, et il ne servait qu'à de piquantes farces, très fines,
subtiles et cocasses.
Pour
bien attraper les collègues de caverne, ou d'autres tribus, il était
du dernier chic de fourrer en douce les cuissots d'agneausaures avec cet
aromate L'innocent, mangeant avec délectation son gigot, croquait tout
à coup la gousse habilement dissimulée. Il se levait, et réclamait à
boire en criant : "Ail ! Ail ! Ail ! ", car çà le brûlait.
C'est
donc de cette époque, innocente et bénie, que date donc le nom de ce
bulbe. Ce fut également dans ces occasions que l'on constata que l'ail
avait un effet vermicide, et qu'il débarrassait la viande des
indésirables.
Avec
la disparition des dinosaures, l'ail prit un goût plus neutre, et les
choses sérieuses purent commencer. Les médecins du Moyen-âge
redécouvrirent les vertus curatives de l'ail, et en prescrivirent de
grandes quantités à leurs victimes. Comme l'ail conservait néanmoins
un goût virulent, et un relent tenace à l'haleine, le suppositoire se
répandit à l'époque.
On
s'aperçu également bien vite que l'ail avait des propriétés
narcotiques. Les insomniaques prirent l'habitude d'en glisser quelques
têtes dans leurs draps. C'est ainsi que naquit la tradition de l'ail au lit,
encore vivace en Provence.
Pendant
les grandes disettes, les manants étaient contraints de manger des
racines, quand ils en trouvaient, et certains devaient se contenter de
gousses d'ail comme seule pitance. Ils y prirent goût, et l'abondance
revenue, ils conservèrent l'habitude de frotter leurs croûtons avec un
peu d'ail.
C'est
ainsi que fut perpétuée dans de nombreuses contrées la tradition du
pain à l'ail, dont la recette ci-contre n'est qu'une illustration parmi
d'autres. |