patelles
pain
beurre
salé
Choisir
sur la grève un grand rocher présentant une large surface horizontale,
relativement plane et lisse. Peu importe s'il se trouve quelques algues,
lichens, ou coquillages attachés à la roche.
Faire
deux équipes : L'une s'occupe de ramasser du bois et d'allumer un feu
sur le rocher, qui couvre le maximum de la surface de la pierre.
L'autre
récolte les patelles et les rince à la mer, en n'omettant pas de les
gratter pour le cas où des débris de roche y resteraient accrochés.
Les meilleures se dissimulent sous les goémons noirs (fucus).
Au
bout d'environ une bonne heure de feu, la roche est brûlante en
surface. Débarrasser vivement toutes les braise et les cendres en les
faisant glisser d'un côté du rocher. Poser immédiatement les patelles
chair contre roc, et laisser cuire une dizaine de minutes. Déguster sur
place avec du pain beurré et du vin blanc. Ne pas omettre d'ôter la
tête d'un léger mouvement tournant, de manière à enlever également
le tube digestif de l'animal, très indigeste.
Si
la cuisson est insuffisante, utiliser la méthode de l'éclade pour la
terminer, en mettant par dessus les coquillages les braises mises de
côté.
Utiliser
une grille ou une poêle à marrons, et y disposer les patelles pointe
en bas. Passer sur une braise très vive jusqu'à ce qu'une couche de
dépôt brun se remarque à l'intérieur de la coquille, signe de
cuisson parfaite.
On
passera un grand moment avec un Gros-Plant tiré sur lie, servi à
température de mer, c'est à dire que l'on mettra la bouteille à
refroidir dans l'eau de mer (Bretagne !) pendant une heure et demie,
environ le temps qu'il faut pour recueillir les coquillages et les
cuire. Attention à la marée qui peut découvrir ou engloutir votre
réserve. A par celui-ci, les Muscadet, Entre-Deux-Mers, etc...
conviennent très bien. |
La
patelle est un chapeau chinois en coquille qui est collé sur les
rochers. En langue bretonne, le mot patelle se dit "brennig",
en référence à la forme du casque du dieu celte "Bren". Ce
qui laisse penser que les celtes sont originaires de l'Asie, et non
d'Europe Centrale. Ce dieu était d'ailleurs prié par une incantation
qui a été par la suite christianisée : "Patelle noster, qui
êtes soucieux, etc."
Longtemps,
les patelles ne servirent à rien, sinon à nourrir d'infortunés
naufragés échoués sur les côtes inhospitalières, en pleine tempête
en plus.
Ce
furent, par un curieux hasard, les naufrageurs qui popularisèrent la
patelle comme met très fin. Pour encourager les navires à venir se
fracasser sur les brisants, ils allumaient des feux sur le rivage. Un
jour, ils disposèrent leur brasier sur un rocher recouvert de patelles;
ils trouvèrent que c'était bon, et que cela ne nuisait en rien à leur
travail.
Depuis
l'habitude est restée de griller des patelles, lorsqu'on allume des
feux sur la grève, pour attirer les pétroliers à la côte, et
recevoir de l'argent de la part des compagnies qui affrètent ces
épaves flottantes. Le métier a changé, mais les traditions perdurent.
Toutefois,
cette évolution de la profession a fini par priver les naufrageurs de
l'un de leurs mets favori. Le pétrole ayant une fâcheuse tendance à
se déposer sur les rivages, les patelles s'en trouvent rapidement
recouvertes, et il est net que leur goût en est radicalement changé.
Pour
palier à cet inconvénient, une association de protection de la patelle
a été créée, promouvant l'élevage de ces curieux coquillages dans
les piscines et les baignoires. Désormais donc, si l'on fait naufrage
dans une piscine ou une baignoire, on est sûr de ne plus mourir de faim. |