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Ananas et banane

(trois recettes)

Ananas flambé au rhum

  • Ingrédients

un ananas

un citron

une gousse de vanille

sucre en poudre

rhum blanc

  • Recette

Couper l'ananas en tranches relativement épaisses, les éplucher et ôter le cœur fibreux et coriace.

 

Ouvrir en deux la gousse de vanille, et en enlever les graines noires et parfumées, pour les mélanger au jus d'un citron. Arroser les tranches d'ananas de ce mélange, et laisser reposer une petite heure.

 

Égoutter ensuite les fruits, et réserver la marinade pour la mélanger à un verre de rhum blanc.

 

Saupoudrer assez généreusement les tranches d'ananas de sucre en poudre sur les deux faces, et les faire griller sur des braises très chaudes (deux à trois minutes de chaque côté).

 

Au dernier moment, faire chauffer le rhum parfumé de la marinade, disposer les tranches d'ananas dans le plat de service, et présenter flambant.

 

 

Ananas à la broche

  • Ingrédients

un ananas de taille moyenne

sucre roux en morceaux

vieux rhum brun

une orange

cannelle

  • Recette

Couper l'ananas quelques centimètres au dessous du bouquet de feuilles. A l'aide d'un couteau à jambon ou à saumon (lame longue, effilée et coupante), découper le trognon coriace, et l'enlever. Mélanger du vieux rhum et du jus d'orange en parties égales, et parfumer de cannelle moulue.

 

Emplir la cavité faite dans l'ananas de morceaux de sucre roux, et les imbiber généreusement du mélange rhum-orange.

 

Replacer le "couvercle" de l'ananas, et ficeler de façon à rendre le plus hermétique possible. Il est même possible d'assurer une jointure parfaite en coulant un peu de caramel.

 

Placer l'ananas dans une broche "panier", ou à défaut l'embrocher avec précautions (bon courage!). Faire tourner devant un feu moyen pendant une bonne demie-heure. Couper en épaisses rondelles avant de servir.

 

 

Bananes flambées

  • Ingrédients

quatre belles bananes pas trop mûres

sucre roux

rhum brun

un citron

  • Recette

Couper les bananes en deux dans le sens de la longueur. Ne pas leur ôter la peau. Les placer au dessus de la braise, le côté peau exposé au feu.

 

Laisser cuire jusqu'à ce que la chair du fruit se soit bien décollée de la peau. Peu avant la fin de la cuisson, mettre environ deux décilitres de rhum à chauffer doucement dans une petite casserole. Il faut bien synchroniser avec la fin de la cuisson des bananes afin de ne pas laisser le rhum cuire trop longtemps et s'éventer.

 

Enlever les fruits du feu, et les disposer dans le plat de service. Arroser d'un filet de citron (facultatif), saupoudrer de sucre roux, et faire flamber au rhum, en arrosant sans arrêt les bananes jusqu'à qu'il n'y ait plus de flammes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Vacances à Anana-Banana-Land

La famille Morin était installée dans un club à gogos de la côte ouest de l'Afrique Noire, et coulait là des jours paisibles, les langoustes et gambas grillées étant préparées par de véritables professionnels de la grillade.

 

Jusqu'au jour où, ils s'inscrivirent pour une excursion dans la brousse impitoyable, avec initiation à la cuisine boucanée et aux fruits grillés. La seule recommandation était de se munir d'allumettes et de pain, de sucre de canne et de rhum, pour faire encore plus boucanier des îles.

 

René Morin s'était acheté un superbe chapeau colonial, un bermuda kaki, et une chemise kika avec des épaulettes et de faux galons. Ginette s'était affublée d'un boubou couleur fuchsia, à l'aide duquel elle capturait tous les insectes, volant ou rampant, évoluant dans un rayon trop proche d'elle.

 

Jordi était brûlé par les coups de soleil, car on avait fini par lui refuser la crème protectrice au motif qu'il n'arrêtait pas de sortir et d'entrer dans l'eau, rendant l'oint par trop répétitif et coûteux. Quant à Vanessa, la grande sœur, elle était pâle comme l'anémie, étant consignée dans le bungalow depuis le début du voyage, pour avoir montré ses projets de seins à la plage le premier jour, à la grande indifférence de tout le monde, sauf de ses vieux.

 

Elle bénéficierait d'une suspension provisoire de peine, car il semblait important à ses parents qu'elle apprit la cuisine "boucanaise". Et puis bon, dans la brousse, elle ne risquerait pas d'exhiber sa laiterie, sous peine d'être dévorée par la vermine environnante, voire les plantes carnivores.

 

Le mâtin du départ, très tôt, la famille Morin se tassa dans une vieille 404 déglinguée, en compagnie de Henri, le chauffeur-cuisinier-guide-animateur-coiffeur du camps de vacances. Une autre voiture, avec à son bord la famille Duchemin, suivait, pilotée par Kiki, le masseur-médecin-marabout du camp. Par la vitre arrière, Jordi tirait la langue à ces cons de Duchemin, mais il prit néanmoins une grande claque, son père ne sachant que faire de ses mains qui ne tenaient aucun volant.

 

A la première interception de la piste de brousse, la 404 s'embourba dans un marigot, et fut dépassée par la cargaison Duchemin (bras d'honneur de part et d'autre). Félicien décida alors que l'endroit n'était somme toute pas mal choisi, il y avait du bois pour faire le feu, et la savane était belle et sereine.

 

Très en forme, René Morin prit alors les mesures qui s'imposaient. Sa femme partira chercher du bois pour allumer le feu, Vanessa se contentera de regarder les évènements par la vitre baissée de la voiture, et Jordi se chargera d'aller cueillir des bananes, des ananas ou des fraises dans la plantation qu'ils venaient de dépasser, il n'avait pas bien reconnu les arbres.

 

Lui-même resterait s'occuper de la voiture avec Félicien. Ce dernier hochait la tête d'un air de doute : La femme seule dans la brousse, pas bon; le petit yahoulé seul pareil, très mauvais; la fille au soleil dans la voiture, pas mieux, pas mieux du tout; le patron qui entonne sa cinquième bière, son kongolo allait recevoir le coup de bambou en dedans. Oungala!

 

Jordi s'approcha de son premier ananassier (le mot le faisait marrer, et il n'est pas le seul), où il aperçu, déployée au creux de la succulente broméliacée, une énorme toile d'araignée habitée par un monstre jaune et noir. Le plant suivant présentait toutefois un superbe fruit, mais ses efforts acharnés ne lui permirent jamais de le cueillir. Il ne parvint qu'à se blesser les doigts, qui commencèrent illico à s'infecter sous ce fichu climat.

 

Un peu plus loin, les bananiers n'abritaient que des régimes encore verts, ainsi que de drôles de petits serpents ocres qui ondulaient de bas en haut en rampant. Jordi s'en fut donc. Il accéléra le pas en entendant des coups de klaxon impérieux en provenance du bivouac.

 

Son père était à l'origine du concert, il se trouvait seul. Vanessa s'était évadée, et fuguait en direction du Sahel, Félicien était parti saluer un cousin dans un village "pas très loin", et sa légitime ne donnait plus signe de vie depuis qu'il l'avait vue s'approcher de l'unique fourré du coin pour pisser.

 

Le père sortit de la voiture, rouge comme un gratte-cul, et d'une claque magistrale, écrasa un moustique qui s'était posé sur la joue de son rejeton.

 

Jordi, qui détestait que l'on fit du mal aux animaux, prit un air sombre. Du coup, le père se mit vraiment en colère : "Non mais, tu ne vas pas encore me casser les pieds avec ta ménagerie? Tu es tuant à la fin !" Et ce fut une bonne trempe pour avoir répondu à l'admonestation "que les animaux étaient moins cons que certains parents".

 

Jordi ravala ses larmes, essuya le sang qui perlait de ses lèvres, mit une canette fraîche sur son oeil droit, et un bandage à son bras gauche, et il repartit dans la brousse en ruminant de sombres rancœurs. Puisque son père le trouvait "tuant avec sa ménagerie", on allait voir ce que l'on allait voir.

 

Par chance, il découvrit rapidement ce qu'il cherchait, à savoir une colonie de fourmis magnans, en déplacement en épais ruban long de cinquante mètres. Habilement, il versa de la bière sur le sol pour attirer les fourmis jusqu'à la voiture où son père s'était endormi, ce qui lui évita d'être lynché pour avoir, exprès, versé de la bière sur le sol. Puis il s'enfuit à toute vitesse.

 

Les malins petits insectes sociaux, malicieux de surcroît, ne firent que quatre milliards six millions deux mille deux cent quarante trois bouchées de René Morin. Elles emportèrent toutes les denrées comestibles ou organiques qu'elles trouvèrent, et partirent ravager un fourré voisin, où elles nettoyèrent les restes du repas des lions.

 

De René Morin, on ne retrouva que les os, et encore, pas tous. Félicien avait en effet subtilisé toutes les phalanges pour offrir des osselets aux petits déshérités des quartiers indigènes. Le crâne servait de calebasse dans un village voisin, et les fémurs de clubs de golf au sorcier du district. L'Afrique est ainsi, ingénieuse et bricoleuse, récupérant tout pour en tirer parti.

 

Plus tard, le petit Jordi devint "développeur de pays en développement". Il ne sortit jamais de sa limousine climatisée, et ne mangea que dans les drive-in qui avaient également envahi le continent noir.

 
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