On
pourrait trouver deux mots dans "escalope" :
"escale" et "lope". De là à imaginer que
l'escalope se consomme essentiellement lors de haltes dans les îles
grecques, il n'y a qu'un pas, que pourtant nous n'effectuerons pas. En
effet, ce sont les italiens qui sont friands d'escalopes. On sait bien
que ce fier peuple préfère l'ail à l'oignon, et l'huile d'olive à
celle de vaseline.
De
mauvaises gens prétendront également parfois que "escalope"
est l'anagramme de "ce salope", au mépris de toutes les
règles de la décence et de la grammaire réunies.
Pour
une fois donc, l'étymologie est trompeuse et fallacieuse. C'est comme
si on venait m'affirmer que l'escarlopette est un escargot aux pratiques
contre nature (et que dire alors de l'escarpolette, qui en plus, elle,
existe vraiment?). Ou qu'une assemblée interlope est l'équivalent de
ce que je n'ose même pas écrire dans cet opuscule destiné au
grand-public.
Non,
l'escalope ne doit pas prêter à rire, d'autant moins qu'il s'agit de
veau. Ce dernier est effectivement la principale victime de l'élevage
intensif, avec le poulet et les orphelins du Rwanda.
D'abord,
sa conception se fait à l'aide d'une sarbacane, et non plus d'un
taureau. Ensuite, à peine né, on le retire à sa mère, pour le
nourrir aux hormones, qui sont une sorte de pompe à vélo chimique.
Une
fois gonflé, le veau, âgé environ de quelques jours, voit pour la
première fois la lumière. Hélas, c'est celle qui se reflète sur la
lame du couteau électrique de l'abattoir.
C'est
donc carrément à un massacre, et au triomphe de la mauvaise qualité
que nous assistons. Après cela, vous comprendrez que je n'ai pas le cœur
à chahuter avec les escalopes. (Bien que je connaisse quelques
passéistes qui élèvent normalement des enfants de vache sous leur
mère...).