L'intestin
a toujours tenu une place importante dans la vie des hommes. Leurs
boyaux personnels, bien sur, mais également celui des autres espèces.
Dès la préhistoire, on utilisa des boyaux d'élan pour faire des
cordes d'arcs. Plus tard, ce furent des boyaux de chat qui furent tendus
sur les instruments à cordes frottées.
C'est
pourtant d'un point de vue gastronomique que le boyau, débarrassé de
son contenu, trouva son apogée. D'abord vinrent les tripes, qui sont à
la charcuterie ce que le puzzle est à la peinture. Le gras-double
lyonnais n'est qu'une variété aggravée, mais qui reste délicieuse
aussi.
En
Provence, l'habitude naquit, avant la découverte des petits pots en
verre à couvercle rouge, d'expédier les herbes aromatiques dans des
petits paquets confectionnés avec des boyaux de mouton.
Un
jour, par une malhabile manipulation, comme c'est souvent le cas pour
les grandes découvertes, des paquets tombèrent dans une marmite de
coulis de tomate en ébullition. L'histoire ne dit pas quel est le
pervers qui a eu l'idée de rajouter des pieds d'agneau à la
préparation, mais ainsi naquirent les pieds-paquets. Souvent, ils
s'accompagnent de tord-boyaux.
En
Bretagne, on avait pris l'habitude de ranger des petits boyaux remplis
de sel dans des boyaux plus larges. Pour échapper à l'impitoyable
Gabelle, on cachait ces réceptacles dans la cheminée, et c'est ainsi
que l'on découvrit l'andouille. Un jour, l'un de ces trésors, à peine
accroché, tomba dans les braises, et ce fut l'avènement de
l'andouillette grillée. C'est d'autant plus remarquable que les bretons
étaient exemptés de l'impôt sur le sel.
Les
bergers des montagnes, partant en transhumance, avaient pour coutume de
confectionner de petites poches de boyau pour contenir la viande hachée
qui devait les ravitailler dans les hauteurs. C'était l'ancêtre du
saucisson.
Un
flan de récompense sera donné à qui m'expliquera le rapport entre la
figue et la figateli, et entre le jésus lyonnais et Celui de Judée.